On suit un bout de chemin de quatre personnages, indépendants les uns des autres. Camille, William, Lou et Célia ne se ressemblent pas si ce n'est par leur profonde solitude. Une solitude parfois contrainte souvent nécessaire, vitale même. Chacun de ces personnages racontés ici sont en mouvement, ils se cherchent, tâtonnent, subissent. L'océan est omniprésent dans cette quête. Ils vivent tous à côté, faisant partie intégrante de leurs vies - parfois bien malgré eux. On se laisse porter au fil de l'eau par ces existences suspendues. Un premier roman poétique, à l'écriture déliée et dont le charme opère instantanément.

Toxey Bivins finit ses vieux jours dans une maison de retraite en Géorgie. Sa fille vient régulièrement lui rendre visite, de plus en plus sensible à ses pertes de mémoire et de repères. Conscient de son état déclinant et consterné par la politique effroyable de l'actuel Président des États-Unis, Toxey décide alors de révéler son secret...

Un roman noir qui frappe fort. Peter Farris a un don certain pour décrire le cynisme d'une époque où tout semble possible - le meilleur comme le pire...on pencherait plutôt pour le pire ici. Le personnage du politicien avide de pouvoir, sans scrupules, terrifiant est terriblement bien dépeint. Cette folie érigée en modèle est fort bien rendue. Peter Farris a ce talent-là et c'est indéniable. Les dernières pages sont implacables. On referme le livre saisi d'effroi.

Une si longue absence....Celle du père, Daniel qui a commis l'irréparable et qui purgera sa peine. Celle de Susan, petite fille puis jeune femme meurtrie à jamais. Celle de sa mère, Linda, disparue brutalement, trop jeune.
André Dubus III sonde dans ce roman au long cours ces âmes meurtries, le long cheminement de Daniel, rongé par la culpabilité et le remords. Celle de sa fille Susan souffrant à bas bruit, épaulée par sa grand-mère Lois, femme forte et dont le désir de vengeance ne sera jamais assouvi - si tant est qu'il puisse l'être...
Un roman qui explore, et interroge les conséquences de cet acte terrible. Sans rédemption possible.

Avec Bivouac, Gabrielle Filteau-Chiba clôt sa trilogie écologiste. On retrouve Anouk, femme engagée et ô combien déterminée pour lutter contre les détracteurs toujours plus nombreux de la nature. Toujours en compagnie de Raphaëlle, elle va se joindre à un groupe de résistants, venus défendre une forêt.
Comment ne pas être sensible à ce roman en ces temps tourmentés où la nature est mis à mal ? Gabrielle Filteau-Chiba donne encore une fois à réfléchir et use de ton talent de conteuse pour frapper là où ça achoppe. Un roman d'aventures engagé et résolument contemporain.

Après le génial et déjà culte, "Notre part de nuit" découvert à sa sortie en août 2021, c'est peu dire que les dernières nouvelles de Mariana Enriquez me faisaient de l'œil.
Ces précédentes nouvelles publiées sous le titre "Ce que nous avons perdu dans le feu" étaient déjà féroces et terriblement bien troussées - l'ambiance oscillant entre fantastique et folie.
Avec ces nouvelles-ci, nous revoilà plongés dans son univers si particulier, avec une tonalité encore plus sombre, plus crue. On est comme saisi d'effroi, de stupeur. C'est selon. C'est pas toujours commode et c'est tant mieux. Parce que parfois ça va chercher dans les tréfonds sombres et moites. Les 12 nouvelles qui se côtoient ici, ne se ressemblent pas - et ont chacune une aura spéciale. Vous l'aurez compris cette lecture là - et toutes les autres, vous suivront longtemps à n'en pas douter...!