La communication politique
EAN13
9782200353179
ISBN
978-2-200-35317-9
Éditeur
Armand Colin
Date de publication
Collection
ECO.SCPO.GEO
Nombre de pages
256
Dimensions
21 x 15 cm
Poids
420 g
Langue
français
Code dewey
320.014
Fiches UNIMARC
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La communication politique

De

Armand Colin

Eco.Scpo.Geo

Indisponible
– Introduction –?>L'histoire et la sociologie de la science montrent que les objets de connaissance ont souvent des destins curieux. La communication politique rentre assurément dans la classe des trajectoires étranges. Voilà un objet d'étude considéré comme illégitime, trivial, voire inexistant, il y a trente ans qui stimule aujourd'hui une curiosité manifeste même si elle est davantage suscitée par un engouement pour la communication que par les vicissitudes de la politique. On parle volontiers aujourd'hui de crise de la représentation politique, de désenchantement démocratique, de désordre électoral ou d'antipolitisme alors que l'emprise, l'explosion, la révolution voire la notion de culte sont associées à la communication. Même s'il existe une sociologie critique vivace de la communication, il faudrait, bien sûr, s'interroger sur le point de savoir s'il existe une corrélation négative entre ces deux séries de phénomènes et si elle constitue un signal de causalité. Par petites touches et de temps à autre, nous essaierons de faire des suggestions sur ce point car il est probable que sur une question aussi large, le recul historique nous manque pour faire davantage. La communication aujourd'hui intéresse tout le monde. Il suffit de constater quelques signes sociaux de sa reconnaissance. En France, l'institutionnalisation au sommet de l'État en est certainement un dont la visibilité est incontestable. Sous la IIIe République, la communication d'État n'avait pas pris un bon départ en France avec la création du Commissariat Général à l'Information (D. Georgakakis, 2004), dirigé par Jean Giraudoux de 1939 à 1940. Ni le ministère de l'Information créé en 1944 ni le ministère d'État chargé de l'Information entre 1949 et 1950 n'emportent la conviction sur la légitimité de leur pratique (P. Amaury, 1969). Et pourtant les politistes seront peut être surpris d'apprendre qu'un certain Georges Lavau consacra une thèse de doctorat en droit soutenue en 1948 sur « Le service public de l'information». Quant aux vicissitudes del'information dans les deux premières décennies de la Ve République, on se rapportera utilement aux travaux de nombreux historiens, qui débordent très largement cette brève période mais fournissent de précieux commentaires ou références, (Jeanneney, 2001 ; Bourdon, 1994 ; d'Almeida et Delporte, 2003, Delporte, 2007). Chalaby (2002) élargit la perspective pour proposer une analyse globale du système étatique de la communication publique.Quoi qu'il en soit, on observe que c'est avec l'alternance de 1981 qu'apparaît un ministère de la Communication dirigé pendant cinq ans par Georges Fillioud. Avec l'alternance de 1986, un ministère réunit la Culture et la Communication, remises entre les mains de François Léotard jusqu'en 1988. Jack Lang gardera cette double compétence dans les gouvernements Rocard et Cresson. Puis J-N. Jeanneney sera titulaire du secrétariat d'État à la Communication dans le gouvernement Beregovoy. En 1993, A. Carrignon devient pour un an ministre de la Communication, cette fois séparée de la Culture. Les deux gouvernements Juppé ne feront aucune place à la communication entre 1995 et 1997. Avec la troisième cohabitation, Catherine Trautmann puis Catherine Tasca redeviendront ministres de la Culture et de la Communication avant que J.-J. Aillagon ne prolonge cette association dans le gouvernement Raffarin II puis Renaud Donnedieu de Vabres dans les gouvernements Raffarin III et de Villepin. C'est enfin Christine Albanel qui occupe le ministère de la culture et de la communication dans le gouvernement Fillon formé le 19 juin 2007. Au total, donc depuis 25 ans la communication est presque régulièrement considérée comme un département ministériel et cela atteste sa reconnaissance par l'État.Mais la société, elle aussi, accomplit une conversion à cet égard. La communication explose aussi dans les filières d'enseignement, dans les rubriques des journaux quotidiens, dans l'avènement d'une presse spécialisée, dans la création de postes et de structures dédiés à sa gestion dans les secteurs privé et public. Certains n'hésitent pas à affirmer que la révolution des technologies de la communication du XXe siècle sera d'une amplitude comparable à la révolution industrielle du siècle précédent, la société post-industrielle devenant une société informationnelle ou société de communication. Les économistes comme Porat enregistrent déjà ces transformations lorsqu'ils proposent de substituer à la classique partition en trois secteurs la dichotomie des productions matérielles et immatérielles. La proportion de la population active et la part de la production dégagée dans les secondes attestent, entre autres, qu'en profondeur, des changements lourds affectent les sociétés technologiquement avancées. Si les médias changent les formes de socialité (travail, enseignement, transactions, etc.) en favorisant l'éclosion d'une télé-socialité, d'une socialité à distance, problématique, comment pourrait-on penser que la relation politique échappe à ces bouleversements ? Communiquer c'est mettre en commun et la cité est le lieu par excellence de la réunion des hommes. La citécomme unité politique est rendue possible par l'usage de la parole et son pouvoir de pacification de la relation sociale. D'emblée, chez les premiers théoriciens politiques et dans l'invention pratique de la politique, la place du discours est fondamentale.Chez Aristote, l'homme est doublement défini comme un animal social et comme un animal symbolique c'est-à-dire doué d'une capacité langagière. Ces propriétés essentielles reçoivent leur concrétisation institutionnelle dans des règles centrales du fonctionnement de la cité qui encourage la participation aux affaires publiques. Chaque citoyen a un droit égal de prendre la parole (iségoria) dans l'Assemblée du peuple où il s'engage, par ailleurs, à parler librement (parrhésia). La condamnation à mort ou à l'exil est la manière la plus efficace d'éliminer l'indésirable. « La communication orale était ainsi supprimée, et rien d'autre n'importait vraiment » écrit Moses Finley dans L'Invention du Politique. On comprend donc à quel point la communication politique constitue un problème d'ordre pratique universel et permanent. Mais elle constitue aussi pour ceux qui veulent l'étudier un problème théorique dont les limites sont difficiles à cerner parce que la communication moderne est caractérisée par l'ubiquité et que la politique n'est pas assignée à résidence dans un site social fermé. À cela s'ajoute qu'il est toujours possible de décrire les relations sociales et politiques en recourant de façon métaphorique aux concepts des théories de la communication puisqu'il paraît impossible de penser le lien social hors de la communication.La communication politique se présente donc comme un ensemble disparate de théories et de techniques, mais elle désigne aussi des pratiques directement politiques. Elle inspire, en effet, des stratégies et des conduites qui varient selon les positions de pouvoir occupées et les situations vécues par les acteurs concrets de la vie politique. Pour tenter d'intégrer ces aspects multiples de la communication artificiellement dissociés, nous avons décidé de regrouper dans une première partie le substrat théorique des analyses, la modernisation technique de l'espace public politique et introduit une présentation et une réflexion sur les effets de la communication politique souvent mis en cause. La deuxième partie sera organisée à partir de la classique distinction entre conquête du pouvoir et exercice du pouvoir. Il apparaît aujourd'hui indispensable d'y développer un ensemble d'éléments relatifs à la participation des citoyens qui animent de plus en plus la communication politique par le bas. À travers l'information spontanée, les multiples formes que prend l'action collective et tous les efforts entrepris localement ou à partir d'une mise en œuvre de la technologie ou encore par l'institutionnalisation de la délibération, ce qui est en jeu, c'est la capacité des citoyens à prendre la parole et à intervenir activement dans la distribution démocratisée du pouvoir.?>Première partie?>La communication pol...
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