Les classiques de la poésie chinoise
EAN13
9782845922860
ISBN
978-2-84592-286-0
Éditeur
Archipel
Date de publication
Collection
Spiritualité chrétienne
Nombre de pages
118
Dimensions
21,5 x 14 cm
Poids
238 g
Langue
français
Langue d'origine
chinois
Code dewey
895.11
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Les classiques de la poésie chinoise

Édité par

Archipel

Spiritualité chrétienne

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eISBN 978-2-8459-2434-5

Copyright © Presses du Châtelet, 2009.

AVANT-PROPOS

Mon ami s'en est allé sur sa barque
Et la distance entre moi et lui ne cesse de s'élargir
Dans un léger brouillard sur l'eau mêlée de fleurs
La voile peu à peu s'éteint à l'horizon blanc sur blanc
Il n'y a plus que le fleuve vers le ciel qui s'allonge indéfiniment.

Paul Claudel, Variation sur les vers de Li Bai

Il me plaît à penser que la Chine est, en son secret, un continent poétique. Cette réserve que je confie à mon goût se rapporte, bien évidement, au visage que présente aujourd'hui ce pays, trop soucieux d'entrer dans le concert tonitruant des nations pour rester attentif à la musique, pleine de silence et d'espace, des vers de ses poètes. Ce secret touche aussi aux lieux profonds dans lesquels la poésie chinoise prend source – dans la mémoire d'une histoire d'une part, et dans l'exil ou le retrait des lettrés destinés à devenir des poètes, d'autre part.

C'est par un recueil de poèmes, Le livre des odes (Shijing), que s'ouvre l'histoire de la civilisation chinoise. Ils chantent le temps des plus anciennes dynasties royales, et c'est en suivant ce moment inaugural que les poètes accompagneront l'aventure trimillénaire de l'empire du Milieu. Cette proximité de la poésie et de l'histoire politique de la Chine vient du fait que l'on n'est pas, dans ce pays, poète de profession. La grande majorité des auteurs faisaient partie de l'ordre des lettrés et, à ce titre, occupaient, s'ils avaient réussi les célèbres concours mandarinaux, le poste de haut fonctionnaire. Leur monde est encadré par les intrigues de palais, les méandres de l'administration et par le caprice des successions dynastiques capable tout à la fois de porter un homme aux nues et de le plonger dans la disgrâce, l'indigence et même la mort. La poésie joue alors un rôle paradoxal pour ces lettrés. C'est souvent grâce à leurs talents d'écrivain qu'ils se font remarquer et se voient offrir un poste important. Mais, une fois qu'ils sont « arrivés », elle devient le seul espace de vie authentique qu'il leur reste pour supporter la désillusion et l'épuisement qu'engendre le fardeau des « affaires ». Exil ou retrait sont les lieux de la poésie chinoise.

Toutefois, ces racines ne plongent pas exclusivement dans l'histoire politique – bien au contraire. La poésie est en Chine inséparable de la musique et la musique du peuple lui-même. Les vers s'écrivent au son du luth et en suivant les mélodies d'anciennes chansons. Mais la musique la plus fondamentale n'est pas tant celle qui sert d'accompagnement que celle qui est propre à la langue chinoise elle-même.

Monosyllabique, le chinois impose en effet à la parole un rythme tenu, même dans les formulations les plus triviales. En Chine, le ton fait sens et le jeu des tons, longs et rétroflexes, brefs ou enlevés, est l'une des plus belles ressources prosodiques des poètes – surtout à partir de la dynastie Tang (618-907). Leurs alternances, parallélismes et contrepoints, engagent miraculeusement les mêmes variations sur le plan du sens. Le mot chinois est considéré, du point de vue de nos catégories grammaticales, comme invariable, sans genre ni nombre. Les verbes ne se conjuguent pas : ils sont sans personne ni temps. Ce qui, pour nous, paraît alors d'une imprécision troublante, d'un flou agaçant, porte néanmoins la parole poétique chinoise vers une puissance suggestive proprement inouïe. Tout y résonne, tout se répond. On ne sait jamais si c'est le poète qui s'émeut de la montagne ou bien si c'est la montagne même qui pleure face à lui. Qui parle? Comment en être sûr? C'est dans cette tension de l'adresse que l'on trouve l'un des lieux les plus magnifiques de la poésie.
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