De voyou à pov' con, Les offenses au chef de l'Etat de Jules Grévy à Nicolas Sarkozy
EAN13
9782221130650
Éditeur
Robert Laffont
Date de publication
Langue
français
Fiches UNIMARC
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De voyou à pov' con

Les offenses au chef de l'Etat de Jules Grévy à Nicolas Sarkozy

Robert Laffont

Indisponible
Une histoire des insultes aux présidents de la République.


Est-ce grave ? Ce n'est peut-être pas très grave ; c'est peut-être même
anodin. Qu'un texte de loi condamne encore, au XXIe siècle, l'offense au
président de la République. Que des individus (au moins deux, au moment où
l'écriture de ce livre s'achève) aient été condamnés à ce titre sous la
présidence de Nicolas Sarkozy : amende de trente euros avec sursis pour l'un,
trente-cinq heures de travaux d'intérêt général pour l'autre. Bien sûr que les
peines sont minuscules ; bien sûr qu'on peut penser que la France, la
démocratie, la liberté d'expression, ne sont pas en danger.
Mais tout de même. Derrière la notion de l'offense, se cache l'insulte ;
derrière l'insulte, le droit de critique, la liberté du bouffon, l'insolence
de l'insoumis.
Le délit d'offense au chef d'État tel que nous le connaissons aujourd'hui
apparaît dans la loi de 1881 sur la presse : sa naissance suit de peu celle de
la IIIe République, même s'il prend la suite d'un délit similaire, l'offense
publique au roi, prévu par la loi de 1819, lui-même descendant direct du crime
de lèse-majesté. Jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, le délit n'occasionnera
guère de débats. Sous Vichy, il prend une coloration autre, même s'il reste
finalement assez peu usité par les tribunaux. C'est de Gaulle qui fera de
l'article 26 de la loi sur la liberté de la presse une véritable star des
tribunaux : plusieurs centaines de condamnations pour offense au président
seront prononcées.
En 1974, Valéry Giscard d'Estaing déclare que cet article de loi ne sera plus
utilisé. François Mitterrand et Jacques Chirac suivent la même règle de
conduite. En 2004, une disposition similaire concernant les chefs d'État
étrangers est supprimée du droit français. Il semble alors évident à tous les
juristes qu'on ne pourra plus être poursuivi pour offense au président.
Survient l'élection de Nicolas Sarkozy. Le président non seulement laisse
poursuivre des " offenseurs ", mais il attaque lui-même régulièrement pour des
délits civils, notamment concernant son droit à l'image.
Faire l'histoire des insultes au président, c'est raconter l'évolution d'une
société, de sa langue, de son degré d'acceptation de la critique ; c'est faire
l'histoire de la satire, des gros mots, de la provocation, mais aussi tout
simplement du combat politique.
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