Récit de tendresse pure !
Alain Rémond raconte comme si nous étions assis, ensemble, dans des fauteuils confortables devant un feu qui crépite et que la nuit avance, son cancer, son espoir et son combat. Et, voilà que celui de sa mère s’invite dans cet univers feutré. Et lui à vingt-cinq ans espère qu’elle ne peut être vraiment malade, au point d’en mourir. Ce n’est qu’après que la peur dévore celui qui y pense !
Alors, Alain Rémond décide de reprendre son enfance pour aller chercher loin en lui, les moments de bonheur qui lui sont attachés. Et, Trans, son village, sa maison, ses frères et sœurs se révèlent. N’allez surtout pas, comme une de ses lectrices ou les copains de ses dix ans, y faire un tour car, comme eux, vous serez déçu ! Dans Ma mère avait ce geste c’est le village coloré par ses bulles d’amour et d’émotions que nous découvrons !
Évidemment, dans ces pages, il y a forcément une partie de nous, de nos souvenirs et de nos amours. J’y ai découvert pourquoi j’avais passé un examen pour entrer en 6ème et pourquoi on mangeait tant de beefsteak de cheval !
Mais, dans Ma mère avait ce geste, c’est d’une nostalgie heureuse, apaisée et sereine qui nous est présentée. Car, ici, on a fait le tri entre le passé, les ressentiments et les aigreurs pour ne retenir que la douceur et la tendresse des situations et de l’amour. Alain Rémond est capable de raconter la honte sans la ressentir à nouveau, capable de raconter les cris, sans avoir peur de les entendre. Ce texte est d’une grande sensibilité, d’une grande tendresse et d’admiration pour cette femme dévouée à sa famille et à chacun de ses enfants.
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Roman à recommander
A partir de l’histoire de sa famille, Christophe Donner plonge avec La France Goy au cœur de la France nationaliste et populiste du milieu du XIXè siècle jusqu’à la fin de la première guerre mondiale. Ce roman est le récit de la transformation de la judéophobie en antisémitisme avec l’importance grandissante d’un Édouard Dumont, personnage assez hideux au talent polémiste hors norme, de son fils spirituel, Léon Daudet, jusqu’au fourbe François Maurras et son journal l’Action française.
Son arrière grand-père, Henri Gosset, découvre ses talents de guérisseur tout à fait fortuitement à l’adolescence. Pour répondre à la volonté de son père, il devient soignant et croise le jeune Léon Daudet. C’est cette proximité tout au long de la Troisième République puis après, que Christophe Donner raconte.
L’aïeul a une vie bien remplie : de palefrenier, il est reconnu à la fin de sa vie comme docteur en psychologie. Il épouse trois femmes, traverse la Commune et la première guerre mondiale et invente un outil pour empêcher les arnaques aux indemnités ! Mais, lui, le provincial se sent toujours à côtés des parisiens qu’ils fréquente. Ainsi son ami Léon l’appelle souvent mon petit et lui parle d’horreurs.
Car Léon est certes le fils du grand écrivain Alphonse Daudet. Mais, autour de son père gravite Édouard Dumont, très dévoué, qui sait répandre sa triste idéologie comme une vague de purin. Les frères Goncourt n’y sont pas insensibles. Mais Zola, ami aussi d’Alphonse, expose sa réprobation mais écrit L’Argent au même moment.
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Agréable
Pour la rentrée littéraire 2021, Camille de Peretti propose avec Les rêveurs définitifs une réflexion sur les freins que chacun s’inventent pour ne pas se sentir bien dans son quotidien. A travers trois âges de la vie, la vie se décline aléatoire, incertaine et inquiétante alors le recours aux rêves éveillés, d’un ailleurs, d’une situation différente ou d’un avenir plus rose, est une manière pour supporter le quotidien.
Dans la famille Tence, il y a la mère, Emma, qui vit son rêve ou rêve sa vie. Puis vient le fils, Quentin, collégien ordinaire en troisième avec son avatar, Shrimp, beaucoup plus débrouillard, beaucoup moins timide et terriblement plus expérimenté. Quentin rêve de scotcher ses profs avec des réparties à la « Shrimp » et de se délecter de leurs mines stupéfaites. Et, puis, il y a aussi la grand-mère, Martine, vingt ans en 68, sténodactylo devenue secrétaire de direction auprès de son avocat, Alain. Il lui aura fallu dix ans pour s’affirmer et arrêter cette relation adultère pour s’assumer en femme seule élevant son enfant.
Emma est traductrice de romances ou de romans Feel-Good. Seules les couleurs pastelles des couvertures changent…. Évidemment, Emma aimerait tellement écrire son premier roman et que ce soit un succès retentissant !
Normalement, Emma se débrouille malgré sa phobie administrative. Mais, là, les impôts se font pressants et lui réclame cinq mille euros ! Au fil de l’inquiétude et des tentatives d’Emma, Camille de Peretti déroule la vie de ses personnages : Quentin et ses compétences de hacker, Emma et son romantisme incorrigible et Martine avec ses peurs irrationnelles.
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Important !
Le procès des attentats de janvier 2015 a eu lieu et Camille Emmanuelle reprend sa plume pour clarifier le concept de victime indirecte et collatérale dans son essai autobiographique Ricochets. Ainsi, en analysant ses ressentis et son vécu de victime par ricochets auprès d’un blessé psychique, l’écrivaine tente de comprendre ce que traversent les personnes qui les accompagnent et de dresser un bilan juridique, psychologique et intime de ce nouveau concept.
Journaliste spécialisée sur les questions de la sexualité et du féminisme, Camille Emmanuelle connait Luz, dessinateur, depuis quelques temps avant les attentats. Luz est arrivé en retard à la conférence de rédaction, ce triste jour de 7 janvier 2015.Il n’a pas été blessé physiquement, mais les retentissements psychiques ont été conséquents !
Camille Emmanuelle convoque ses souvenirs, et les plus futiles ne sont pas les moins signifiants, pour décrire son attitude dès le début de ce drame : soutenir Luz quitte à s’oublier soi-même ! Ce n’est pas une enquête de journaliste en empathie pour les victimes indirectes. C’est le récit de cette victime qui élargit ses recherches à des spécialistes pour soutenir ses impressions et son analyse sous forme d’entretien, de rencontres ou de lectures.
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Une nopuvelle écrivaine
Premier roman de Lou Kanche, Rien que le soleil, titre extrait du Barbe Bleue de Perrault raconte une année scolaire de la vie d’une jeune femme confrontée à ses rêves inassouvis d’une vie différente et son quotidien devenu, au fil des mois, banal et routinier. Une voix littéraire se découvre certainement en cette rentrée littéraire !
Norah Baume est une jeune professeure de Lettres mutée à Garches lès Gonesse en banlieue parisienne. C’est la rentrée dans son lycée. Débarque en retard dans sa classe un adolescent sûr de son pouvoir attractif, avec une confiance décuplée de son charme et qui s’amuse du trouble croissant de son enseignante.
L’ennui et le costume trop étriqué du professeur font que Norah a de plus en plus de mal à tenir son rôle, surtout que l’image de l’adolescent commence à l’obséder. La routine ne suffit plus à effacer le vide de son existence, comparé à ce qu’elle avait imaginé. De plus, il y a six mois, son père est décédé.
Norah continue à proposer ses cours en perdant de plus en plus son enthousiasme. Ainsi, avec un extrait de la Chartreuse de Parme de Stendhal, elle bâtit sa séquence pédagogique autour de la modernité du personnage en littérature : Alors, le héros, Fabrice Del Dongo est subjugué par la beauté d’un valet. Il arrête son geste criminel pour ne pas ternir cette image parfaite. C’est une métaphore du trouble ressenti par l’enseignante qui découvre, en circulant dans les rangs, que le bel adolescent n’a pas son texte devant lui. Trahison instantanée, le dérapage approche !
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