Annesophie B.

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chroniqueuse littéraire à temps complet.

17,00
Conseillé par
29 janvier 2021

Puissant.

Les Bordes, c’est un lieu. Le point de départ. L’endroit de naissance. Le terreau des souvenirs.
Perdu. Dangereux. Craint.
Mais c’est aussi une famille. Une belle-famille.
Dure. Tranchante. Haineuse.

Les Bordes et Les Bordes se confondent, se mélangent quasiment jusqu’à la fusion.
Pour Brune du moins, Les Bordes, c’est tout à la fois le début et la fin.
Mais chaque année, la famille s’y retrouve, le temps d’un week-end. Quarante-huit heures en mode survie. Aux aguets. Prête à se battre, prête à tomber.
Pour ses enfants, elle prend sur elle. Va tenter d’y survivre encore un week-end.
Et, surtout, tenter de les protéger, eux, ses enfants, sa vie, sa chair, son sang.

Parce qu’aux Bordes, tout est danger. Tout est coupure, blessure, douleur.
Et parce que les Bordes sont comme leurs terres : coupants, blessants.
Arides.

Mais pour ses enfants, oui, elle y arrivera. Elle les aime tant.
Sauf quand elle les hait.
Elle les protégera de tout et de tous.
Mais qui les protégera d’elle ?
Elle va les couver, les bercer, les aimer, encore plus, toujours plus.
Et parfois moins, tellement moins...

Mais au terme de ce week-end, que restera-t-il ?
QUI restera-t-il ?

Les Bordes est un roman à part.
Une lame aiguisée, chauffée à blanc, qui nous transperce.
C’est le roman d’une mère, avec ses qualités et ses défauts. Coupable d’être seulement humaine, dans un endroit qui l’est si peu.
C’est le roman d’une femme. Avec ses envies et ses peurs.
Avec ses rêves, phagocytés par un mal extrême : le souvenir.
Les Bordes, lieu où réside cette mémoire éternelle.
Les Bordes, famille du rappel constant.
Quel sera le prix à payer pour tenter de l’occulter ?

La plume est belle, l’histoire sublime.
Toute en subtilité et en ambiance.
Et en nuances.
Aurélie Jeannin nous captive, nous fait trembler, nous fait réfléchir.
Combien y a t-il de façons d’être mère ? D’être femme, fille ?
Peut-on protéger ceux qu’on aime, des autres, de tout, de soi ?

La lecture est éprouvante et c’est ce qui la rend si belle. Parfaitement dérangeante, idéalement plaisante, profondément humaine.
C’est un roman à découvrir pour mille raisons.
N’hésitez pas, ils ne sont pas si nombreux à être aussi puissants.

Éditions Gallmeister

10,40
Conseillé par
29 janvier 2021

A découvrir !

Et si les livres n'existaient plus ?
Si le simple fait de savoir que l'on peut lire n'existait plus ?
Ça semble inimaginable, et pourtant.

C'est dans un futur aseptisé de toute curiosité intellectuelle que Walter Tevis nous plonge avec L'Oiseau Moqueur.

Les humains ont délégué aux robots la gestion et le contrôle de la vie quotidienne.
Pour eux, seul reste le savoir du peu dont ils ont besoin pour vivre, dans le confort et surtout dans l'inutilité de se poser des questions ou de chercher des solutions.
Pour se divertir, il y a la drogue. Et la télé. Une vie paisible et sans problèmes, c'est ce qu'ils voulaient.
Ils l'ont obtenue.
Mais à quoi cela peut-il bien ressembler ?
Pour le savoir, il vous suffit de lire cet excellent roman d'anticipation.

Et, puisque vous en avez encore la possibilité, faites-le !
« Détends-toi, ne te pose pas de questions », combien de fois avons-nous, tous, à un moment ou un autre, formuler le voeu silencieux que l'on nous dise cette phrase, pour être enfin allégés du stress des choix à faire, des décisions à prendre, des éternelles questionnements humains ?
De loin ça paraît idéal. Un monde sans tracas, sans histoires, sans problèmes.
On s'y est tellement habitués qu'au fil des générations les bases même de la réflexion ont été oubliées.
Parmi elles, la lecture.

Les livres n'existent plus. Personne ne s'en plaint, puisque de toute façon personne ne sait plus à quoi ça sert.
Pour se changer les idées, la télévision et les psychotropes sont suffisants.
Vraiment ?

Spofforth est un Classe 9. le plus perfectionné des robots, presque plus humain que les humains.
La seule chose qu'il ne peut pas faire, c'est mourir. Même si c'est son coeur le plus cher.
Paul, lui, est un humain presque comme les autres. Sa seule différence réside dans le fait qu'il a retrouvé de vieux livres oubliés.
Et des vidéos d'enfants qui apprennent à déchiffrer ces choses étranges.
Alors il a appris, lui aussi.
La rencontre de ces deux-là sera soit la meilleure des choses, soit la pire des calamités.

Jusqu'où seriez-vous prêts à aller pour avoir une vie facile ?
Après cette lecture, la réponse ne vous semblera plus aussi évidente...
À lire, absolument !

Manufacture de livres

19,90
Conseillé par
10 janvier 2021

Sublime.

Parfois on tombe sur un roman auquel on ne s’attend pas. Dont on ne se méfie pas.
Une quatrième de couverture qui nous semble prometteuse, un résumé qui nous donne envie de découvrir l’histoire.
Par curiosité, sans en attendre de l’exceptionnel, mais en l’espérant prenant et bien tourné, on en commence la lecture.
Et de temps à autre il se produit une sorte de déclic, dès le premier paragraphe ou le premier chapitre.

Avec Nos Corps Étrangers ça a été plus que ça. Pas seulement le déclenchement de quelque chose, non, bien au-delà.
Comme une sorte de communion avec les mots inscrits devant moi, due à l’harmonie de l’histoire et de la plume...
Au premier abord, vous penserez peut-être lire la banale histoire d’un couple. D’un couple commun, qui rencontre des problèmes presque courants. Une histoire comme cent milles autres.
Mais très vite, vous comprendrez votre erreur : il n’y a rien de banal ni de commun dans ce roman, absolument rien !

Elisabeth, Stéphane et Maëva vont vous bousculer.
Leur vie, leurs erreurs, leurs problèmes, vont vous écorcher.
Quant à la plume de Carine Joaquim, elle va vous transporter.
Loin, et longtemps.

Combien de sujets sont abordés dans ce roman ? J’ai arrêté de les compter, subjuguée par la transcendance que leur apporte la plume de l’auteure.
Aucune erreur n’est banale. Chacune a ses conséquences, sur soi-même et sur les autres.
L’infidélité, la vengeance, l’envie, le rejet de l’autre, l’égoïsme, le mensonge, sont autant de détonateurs qui peuvent potentiellement faire exploser une situation.
D’autant plus quand ils sont semés au sein même d’une famille déjà fragilisée.

Alors, que va-t-il se passer à la page suivante ? Et à celle d’après ? Et au prochain chapitre ?
Vous voudrez savoir, vous essaierez de deviner.
Mais rien, absolument rien, ne vous préparera à la toute fin.

Un roman qui remue, qui frappe, qui marque, qui reste, longtemps, très longtemps après l’avoir terminé.
Un premier roman tout simplement magistral.
À lire, le plus vite possible, pour découvrir un nouveau talent littéraire incroyable, et une histoire inoubliable.

Bravo Carine Joaquim, régalez-nous encore, très rapidement, avec un autre roman !

Roman

Albin Michel

22,90
Conseillé par
10 janvier 2021

Toujours aussi efficace.

La plupart du temps, la nouvelle année annonce la parution du nouveau titre de Lisa Gardner.
Et comme à chaque fois, je l’attendais impatiemment.

Alors, qu’en est-il pour « Retrouve-moi » ? Le cru 2021 est-il bon ?
Disons-le tout de suite : oui !

Rien d’étonnant pour cette auteure qui parvient toujours à nous proposer des intrigues très bien ficelées et foncièrement entraînantes.
Ici encore, on retrouve son style, très efficace dès les premières pages.
Croyez-moi, dès que vous aurez lu le premier chapitre, vous serez embarqués.

On y retrouve D.D Warren, plus déterminée que jamais à résoudre le mystère de la famille Boyd-Baez.
Quatre membres d’une même famille, dont deux enfants, retrouvés assassinés à leur domicile, une adolescente disparue, autant dire que le week-end de notre super flic va être mouvementé.

On y retrouve également Flora Dane, déjà croisée dans l’un des précédents romans de l’auteure, bien décidée elle aussi à comprendre ce qui a bien pu se passer.

Entre ces deux femmes les retrouvailles seront forcément explosives, et si leurs manières de procéder sont aux antipodes l’une de l’autre, le mélange des deux genres nous donne une enquête au rythme imparable !

Alternant entre leurs deux points de vue et une certaine dissertation enfantine, ce thriller défile à toute allure et les 480 pages se tournent à une vitesse folle, pour le plus grand plaisir du lecteur.

Secrets de famille, réseau de survivants, traumatismes d’enfance, dysfonctionnements des services sociaux et esprit de revanche sont, parmi d’autres, les thèmes abordés dans ce roman très prenant.
Qu’est-il arrivé à cette famille ?
Où est passée Roxy ?
Qui, de D.D ou de Flora aura le dernier mot ?
Pour avoir toutes les réponses, il ne vous reste qu’à vous procurer ce tout nouveau thriller absolument prenant.

Comme toujours avec Lisa Gardner, c’est carré, efficace, percutant et bourré d’énergie.
Bref, une lecture à ne pas rater pour se changer totalement les idées.
N’hésitez pas !

19,00
Conseillé par
25 novembre 2020

Bon polar.

Un thriller psychologique à la température de saison !
Voilà une lecture que je n’ai pas lâchée avant la fin.

Alors non, C’est Ainsi Que Tout S’achève n’a pas été un énorme coup de cœur et il ne rentrera probablement pas dans mon top de l’année, MAIS il n’en reste pas moins un bon thriller du genre, qui fait très bien son travail.

L’ambiance y est particulière, si glaciale que le froid semble sortir des pages. Pas nécessairement à cause du climat du lieu où se déroule l’intrigue (même si ça joue aussi), mais surtout par l’atmosphère que Caroline Eriksson parvient à nous faire ressentir.
Et ça fait partie des qualités que je recherche dans un bon roman.

Les personnages sont troubles, presque dérangeants.
Elena, en particulier, dont on perçoit l’instabilité à chaque page, est difficile à cerner. Le lecteur ressent tout à tour pour ce personnage de l’empathie, des doutes et même une certaine forme de crainte qui s’apaise jamais totalement.

La place de l’écrivain et de son œuvre est omniprésente tout au long de cette lecture. Que ce soit au niveau des questionnements que assaillent le premier, ou de la difficulté pour lui de faire la part des choses entre ce qu’il crée et ce qu’il est.

Certains devineront une partie de la révélation finale assez tôt, mais ça n’est pas spécialement gênant puisque toute l’attention du lecteur est focalisée sur l’évolution de l’histoire bien plus que sur sa résolution.
L’alternance des points de vue par chapitre fonctionne bien ici, elle ne nous perd aucunement et rend justement la trame assez addictive.
La plume est simple et efficace, sans fioritures inutiles.

C’est Ainsi Que Tout S’achève est donc un roman tout en ambiance, qui plaira au lecteur de thrillers psychologiques et/ou domestiques, et qui parvient, sans être transcendant, à nous retenir jusqu’à la toute fin.
Quant à Caroline Eriksson, c’est une auteure à suivre de près.

À découvrir.