L'aventure est au seuil de votre porte et elle peut vous entrainer très loin. À moins que tout cela ne soit que rêve ou fantasme... Il y a beaucoup d'inventivité, d'espièglerie, de facétie, de fantaisie, d'ironie et d'humour tendre dans l'écriture de Patrice Pluyette. S'il s'emporte parfois plus qu'il ne nous emporte, le voyage de son, imagination débordante reste bien agréable et de belle facture.

Après « Constellation », Adrien Bosc poursuit l'exploration des hasards et des destins qui se croisent par ce récit documenté de la traversée maritime, de Marseille à Fort-de-France, d'exilés quittant la France occupée de 1941 dans l'espoir de rejoindre le continent américain. Parmi ces passagers, nombre d'artistes et d'intellectuels de renom ou qui le deviendront. Comme le bateau sur les vagues, ces destins fragiles oscillent, jouets de l'Histoire. Pour notre plus grand intérêt, l'auteur les suit, les scrute et les exhume en reconstituant le tableau de cette micro-société en ces temps hasardeux et incertains, l'ensemble du récit étant intelligemment construit, oscillant lui aussi brillamment entre documents et fiction, source d'une intense réflexion sur la création.

Dans une langue inventive et créative, riche prose poétique, Gauz offre le récit croisé de la Côte d'Ivoire conquise par les Français puis devenue indépendante. Alternant le récit de ces deux époques, avant et après la colonisation, il pose avec ses personnages un double regard inattendu et original sur ce pays.

Après « Mémé », le formidable roman sur sa grand-mère, Philippe Torreton donne à lire le roman de Jacques, son père auquel il donne la voix. Généreux, vif, alerte, il offre toutes les émotions de la vie à commencer par celle d'un enfant normand privé de liberté par la guerre et ses restrictions, privé d'avenir dans une ville de Rouen en ruines, préférant partir au loin, en Indochine même si là-bas aussi c'est la guerre. Une destinée s'écrit alors, touchante d'humanité, vibrante comme une déclaration d'amour d'un fils à son père. Philippe Torreton articule les temporalités, alternant l'enfance, le monde adulte de Jacques et les très beaux passages de la vieillesse de ce père au chevet duquel ses fils se pressent, héritiers de cette histoire et porteurs de ses valeurs.

« Un monde à portée de main » est le très grand roman d'une auteure exceptionnelle et incomparable.
Quatre ans après "Réparer les vivants", "Un monde à portée de main" marque le grand retour de Maylis de Kerangal, son phrasé incomparable, sa narration audacieuse, son rythme unique, sa capacité à mêler le geste technique à l'élan viscéral. Avec ce roman sur l'art du trompe-l'œil, Maylis de Kerangal explore le rapport de la création et de l'art au réel, de l'imitation du réel. Ce roman d'apprentissage va mener Paula Karst, personnage principal, jeune adulte indécise devenant acharnée au travail, de son école d'art aux studios de Cinecitta et à Lascaux pour reproduire des chefs d'œuvre de l'humanité. Avec Maylis de Kerangal, tout fait sens, tout résonne, tout vibre en permanence, les temporalités se télescopent et les perspectives s'élargissent à l'infini.