EAN13
9782953641653
ISBN
978-2-9536416-5-3
Éditeur
MONTAGNE SANS F
Date de publication
Nombre de pages
168
Dimensions
30,7 x 27,8 x 2 cm
Poids
1540 g
Langue
français
Code dewey
779.3654
Fiches UNIMARC
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Octobre au LADAKH - voyage photographique au coeur de l'Himalaya indien

voyage photographique au coeur de l'Himalaya indien

De ,

Montagne Sans F

Indisponible
Extrait de texte (Abécédaire de voyage de Xavier Fribourg)

Guerre

Derrière le calme et la sérénité apparente du Ladakh se cache un des points chauds de la planète : une enclave indienne aux limites incertaines entre la cocotte-minute pakistanaise et le rouleau-compresseur chinois. Le litige frontalier majeur concerne la Chine et remonte à 1959, avec une guerre de un mois et 3000 morts en 1962, ce qui a profondément marqué les Ladakhis. Aujourd’hui encore la population est totalement acquise à la cause nationale indienne et considère la présence militaire comme le seul rempart contre les velléités expansionnistes de la Chine impériale. Juste au nord de Leh, le col de Kardung situé à 5 359 m mène vers la vallée de la Nubra et à une immense zone interdite aboutissant à la « ligne de contrôle effective» sur laquelle le conflit est gelé. Derrière cette ligne, les Chinois contrôlent la région de l’Aksaï Chin pourtant toujours revendiquée par New Delhi. Presque totalement inhabitée, dépourvue de ressources, cette zone de 40 000 km² avec des sommets approchant les 7000 m relie la province chinoise du Xinjiang au Tibet, ce qui explique l’inflexibilité de Pékin. Le tracé de cette fameuse ligne de contrôle a repris l’ancienne ligne Mac Mahon tracée initialement par les Anglais en 1914. Étrange pied de nez de l’histoire coloniale, le ministre des affaires étrangères anglais de l’époque avait utilisé un crayon trop épais à l’échelle de la carte et les deux armées se disputent aujourd’hui encore l’interprétation de la ligne large de 15 km sur le terrain accidenté !

Concrètement, il est impossible de voyager au Ladakh sans constater l’omniprésence de l’armée indienne à commencer par l’accueil musclé à l’aéroport Kushok Bakula Rimpoche dont la piste unique est prioritairement dévolue à l’aviation militaire. Hélicoptères de combat ultra-modernes, chasseurs bombardiers américains et avions gros porteurs occupent l’espace aérien de Leh, ce qui crée un contraste frappant avec l’ambiance pacifique de la culture bouddhiste locale. Ce qui ressemble de prime abord au bout du monde se révèle être également une plaque tectonique géopolitique. Les camps militaires occupent des centaines d’hectares dans les zones semi-désertiques aux abords de Leh et tout au long de l’Indus. Pour une population de 117 000 habitants, l’armée a déployé près de 150 000 militaires venant de toutes les régions de l’Inde.

Malgré l’immensité du Ladakh et du Zangskar qui élancent leurs sommets au sud de Leh, on se prend à rêver de la zone interdite du nord, au-delà du Kardung et de la Nubra... Qu’y a-t-il là-bas ? Impossible de ne pas penser au « Désert des Tartares » de Buzatti en voyant les convois de soldats partir vers ces très hautes altitudes, vers de mystérieuses forteresses de solitude oubliées sur des crêtes déchirées à 6000 m en plein nulle part.
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