Conversations psychanalytiques avec des psychotiques ordinaires et extraordinaires
EAN13
9782749273976
Éditeur
Erès
Date de publication
Collection
Point Hors Ligne
Langue
français
Fiches UNIMARC
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Conversations psychanalytiques avec des psychotiques ordinaires et extraordinaires

Erès

Point Hors Ligne

Livre numérique

  • Aide EAN13 : 9782749273976
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    17.99

  • Aide EAN13 : 9782749273983
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En quelques décennies, l’accroissement des demandes effectuées par des sujets
de structure psychotique auprès de psychanalystes s’avère spectaculaire. Dans
les années 1970, elles étaient rares, et l’analyste souvent les redoutait, ne
sachant pas trop comment les accueillir. Tirant enseignement de son expérience
clinique, Jean-Claude Maleval montre que la psychanalyse avec des sujets
psychotiques gagne à s’orienter sur une conversation qui vise l’apaisement de
la jouissance dérégulée plus que le déchiffrage de l’inconscient. Ces
conversations psychanalytiques s’inspirent de stratégies spontanément
utilisées par les sujets psychotiques pour tempérer leur angoisse :
productions d’écrits, de phénomènes psychosomatiques, de passages à l’acte,
voire recours à l’absence de désir aussi bien qu’à des fantasmes ou des
symptômes originaux. En effet, bien des cures de sujets psychotiques ont
basculé suite à une interprétation ambiguë qui érige l’analyste en Maître
possesseur d’un savoir insu du patient. Une simple question laissant entendre
que derrière ce que dit le sujet une signification lui échappe, mais que
l’analyste la détiendrait, pose ce dernier comme celui qui peut deviner
l’intimité. Le psychotique se demande alors ce que l’analyste lui veut. Or
quand la question se lève, la réponse penche régulièrement vers la
malveillance. L’interprétation doit se garder d’être ambiguë, de poser
l’analyste en maître, de même il n’est pas approprié de confier la règle
d’association libre au psychotique. Il convient plutôt d’initier avec lui une
conversation dirigée, inspirée des échanges « à bâtons rompus », pour
reprendre une expression utilisée par Lacan lors de ses entretiens avec Aimée,
une conversation cependant orientée par le souci de protéger le sujet de la
jouissance menaçante de l’Autre. Pour cela, il s’agit non de chercher  une
vérité cachée, mais de préserver les soutiens imaginaires, et d’encourager les
inventions sinthomatiques. Certains psychotiques ne viennent que quelques
séances, de temps à autre, pour échanger à propos d’un problème temporaire ;
ils repartent souvent rassurés quand l’analyste est parvenu à appréhender
celui-ci à partir de la singularité de leur fonctionnement, et à saisir où se
trouve pour eux le danger. D’autres ne maintiennent une adaptation sociale,
parfois précaire, qu’à la faveur de suivis très longs, de plusieurs années,
voire de plusieurs dizaines d’années. Il s’agit quelquefois de rendre
tolérable un délire à bas bruit, en prenant au sérieux son écoute, et en
aidant le sujet à en minimiser les incidences dans sa vie familiale et
professionnelle. Pour d’autres encore, le suivi analytique constitue une forme
d’étayage qui leur suffit pour poursuivre leur chemin en dépassant leurs
angoisses.
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