Station eleven

Emily St John Mandel

Rivages

  • Conseillé par
    30 mai 2017

    anticipation

    Commençons par ce que je n’ai pas aimé : le style, ou plutôt l’absence de style. C’est plat et sans relief, les phrases s’enchaînent et c’est tout.
    Alors oui, l’idée de départ est intéressante : une troupe de rescapé-e-s qui joue Shakespeare et Beethoven après un cataclysme mondial, c’est original. Le fait d’alterner avant le jour J et après sur plus de 20 ans pour nous parler de la destinée de chacun des personnages permet de ne pas laisser de lecteur dans l’incertitude. Mais j’en demande plus, en général, à un roman.
    Le Prophète m’a paru sans relief et sa fin bien arrangeante. J’ai même eu l’impression parfois que l’auteure inventait et déroulait les évènements au fur et à mesure, sans plan au préalable.
    Bref, si j’ai passé un bon moment de lecture, ce roman reste pour moi en-dessous de La route et de Dans la forêt.


    L’image que je retiendrai :

    « Survivre ne suffit pas » écrit sur la caravane de la troupe.

    http://alexmotamots.fr/station-eleven-emily-st-john-mandel/


  • Conseillé par (Libraire)
    26 octobre 2016

    station eleven

    Imaginez un monde ou une grippe décime 99% de la population mondiale.

    Imaginez un monde ou les villes et anciennes mégapoles sont désertées.
    Difficile.

    Le roman s'ouvre sur une représentation théâtrale d'une pièce de Shakespeare ou l'acteur principal, Arthur Leander, meurt sur scène, emporté par une crise cardiaque au sommet de sa carrière. Au même moment, une pandémie entame son processus fulgurant et meurtrier qui va aboutir à la quasi totale extinction de l'humanité. Vingt ans plus tard, alors que l'humanité n'est plus qu'un simple éparpillement de petites communautés, nous suivons l'histoire de plusieurs personnages qui ont plus ou moins croisé l'existence de l'acteur du début du roman. Tout semble lié à la vie hors norme de cet acteur, jusqu'au titre de cette bande dessinée réalisée par sa première épouse, station Eleven.

    Toute notre civilisation repose-t-elle sur la seule technologie ? Que se passerait-il si tout cela venait à disparaître ? Car c'est bien de cela qu'il s'agit dans ce roman. En partie. Confrontée à une telle catastrophe l'humanité se contenterait-elle de survivre ? Nous aimons à penser que non et c'est ce message que l'auteure nous transmet à travers ce roman et cette symphonie itinérante. L'art, la poésie, la littérature, la musique participent plus qu'on ne le pense à notre survie.

    Avec une maîtrise parfaite du récit, l'auteure semble tisser une toile subtile qui va relier toute l'histoire ainsi que les multiples personnages afin de les amener précisément ou elle le souhaite, à cette conclusion que survivre ne suffit pas.


  • Conseillé par
    23 septembre 2016

    Toronto. Lors de la représentation théâtrale du Roi Lear l’acteur Arthur Leander s’effondre sur scène et meurt. Au même moment, une pandémie la grippe de Géorgie se propage à toute vitesse et décime presque toute la population mondiale. Deux personnes présentes à cette représentation vont survivre : un spectateur Jeevan et la petite Kirsten âgée de huit ans qui était sur scène.

    Deux décennies plus tard dans un monde où tout ce qui existait avant n’est plus, Kirsten fait partie de la Symphonie Itinérante. Acteurs, musiciens, ils se déplacent dans la région du lac Michigan pour jouer Shakespeare ou Beethoven dans les villes (une ville est devenue un endroit où vivent quelques familles). Et même si l’insécurité est de plus en plus grande, ils continuent.

    Avec des allers-retours entre passé et présent toujours très fluides, on suit Jeevan, Kisten et d’autres personnages sans jamais être perdu. Arthur Leander est celui qui les relie les uns aux autres. Si Kisten n’a plus aucun souvenir de son enfance et du monde tel qu’il existait, elle garde avec elle une bande dessinée dont le titre est Station Eleven qui lui a été donné par Arthur Leander.

    Diablement efficace et addictif, il serait réducteur de ne parler que de roman d’anticipation ou de roman noir tant Emily St. John Mandel intègre plusieurs genres à merveille. Le souvenir, l'humanité (sa quasi-disparition et sa renaissance), l'art et sa beauté sont les principaux thèmes de ce roman qui jamais ne sombre dans la noirceur. Bien au contraire il est porteur d’espoir. Et les émotions sont bien présentes.

    Des personnages attachants, une intrigue très bien menée, une belle écriture : les pages se tournent toutes seules. Un vrai et grand plaisir de lecture pour ce livre captivant !

    " A certains moments, murmura Auguste, j'ai envie de me poser. Ça t'arrive d'y penser ?
    - Ne plus voyager, tu veux dire ?
    - Tu y penses, quelquefois ? Il doit bien exister une vie plus stable que celle-ci.
    - Sûrement, mais dans quelle autre vie pourrais-je jouer du Shakespeare ?"