Pietra viva

Léonor de Récondo

Sabine Wespieser Éditeur

  • 22 novembre 2013

    Une belle découverte

    Pietra Viva, c’est la bonne surprise de la rentrée littéraire. Pour être tout à fait honnête, j’étais curieuse de le découvrir, mais je n’étais pas sûre de l’apprécier. Et au final… je l’ai dévoré ! On y suit Michelangelo, le célèbre sculpteur, qui fuit la douleur en se plongeant dans le travail.
    Andrea, un jeune moine incarnant la perfection aux yeux du sculpteur, meurt brutalement. Il y était très attaché, bien qu’ils n’aient échangé que quelques paroles. Ce décès provoque en Michelangelo un chagrin immense et un sentiment d’abandon. Cela le fait réfléchir et fait ressortir les profondes blessures qu’il avait ressenties lors de la mort de sa propre mère, alors qu’il n’avait que 6 ans. Il avait réussi à atténuer la douleur en oubliant.

    Mais la mort d’Andrea et la compagnie de Michele ravivent les souvenirs du sculpteur. Peu à peu tout lui revient concernant sa mère: l’odeur de ses cheveux, le son de sa voix… J’ai tout bonnement été captivé par l’introspection de Michelangelo. Il s’interroge, doute, fuit ses souvenirs, et en même temps les cherche…

    C’est un homme solitaire, mais il se lie d’amitié avec Cavallino, le fou du village. Et je le comprends, car Cavallino est sans conteste mon personnage préféré. La société le considère comme fou car il se prend pour un cheval et qu’il voit ses congénères comme des animaux : les carriers sont des loups, Michelangelo est un chien… Ses interventions sont toujours pleines de sens, même si sa façon de voir les choses ne rentre pas dans la norme. Michelangelo n’aime pas non plus les enfants, et pourtant il finit par se rapprocher de Michele un petit garçon de 6 ans, qui vient tout juste de perdre sa mère. Il se reconnait en ce petit bout, même si au début il ne veut pas l’admettre et cherche à l’éloigner de lui.

    On discerne donc l’homme qui se cache derrière la figure célèbre. Sa sensibilité, ses sentiments… C’est la plus grande partie du roman, le thème principal. Mais on côtoie aussi le sculpteur. On suit Michelangelo dans les carrières, on le voit faire des choix, observer les blocs de marbre, en extraire mentalement des sculptures… On découvre donc les deux facettes de l’homme, et j’ai trouvé cela très intéressant et très bien développé.

    En conclusion, Pietra Viva est une excellente surprise. J’ai été captivée par le récit que nous fait Léonor de Récondo. L’auteur a une très belle plume, les mots coulent tout seul, les pages défilent et avant que l’on s’en rende compte… on a terminé le roman !


  • Conseillé par
    18 septembre 2013

    L'Italie... la Renaissance... Florence.... je partais avec beaucoup d'a priori positifs sur ce roman, et je n'ai pas été déçue! Nous suivons Michelangelo Buonarroti, dit Michel-Ange de Rome à Carrare, à la recherche des blocs de marbre qui vont lui permettre de sculpter le tombeau du pape Jules II, mais surtout sur les traces de son propre passé et de sa mère disparue lorsqu'il était enfant.
    Des rencontres, avec un enfant, avec un "fou" qui va lui ouvrir les yeux, la nature qui fait ressurgir des souvenirs, olfactifs, de couleurs... nous assistons au "réveil" de l'homme et ces petites touches font jaillir de nombreuses images. La Toscane, le marbre blanc sur la montagne verte, les couleurs du lever et du soleil couchant, c'est un joli voyage qui nous est offert en prime.

    Entre vers de Petrarque et évangiles, entre évocation de plusieurs oeuvres de l'artiste et travail des tailleurs de pierre extrayant le marbre des carrières, nous plongeons dans la Renaissance mais surtout dans l'âme de l'artiste. Ses interrogations sur lui-même, son enfance, ses souvenirs enfouis, la communication difficile avec son entourage, sur le sens de l'art même, sur le sens de la sculpture, est-ce la pierre qui se fait chair, ou la chair qui se fait pierre? sur ses rapports aux autres, sur le monde qui l'entoure... Amour, poésie et art, une belle partition littéraire!
    Et qui donne envie en prime de repartir à Florence ou à Rome revoir d'un œil nouveau les œuvres de l'artiste!


  • Conseillé par
    4 septembre 2013

    Pietra Viva dessine un bref petit croquis de la vie riche et tumultueuse du plus grand sculpteur de la Renaissance : Michel Ange. Mais au lieu de nous peindre un portrait de l'artiste, seul, à l'écart dans son atelier, ciseaux et marteau en main, se débattant dans la poussière et la sueur pour donner vie à l'une de ses statues; l'auteur nous propose une fresque plus étendue, moins développée par les historiens et autres biographes et donc d'une fraicheur incontestable.

    Car s'il est vrai que l'on retrouve Michel Ange face au marbre, Léonor De Recondo choisit de le faire évoluer au coeur même de la pierre : à Carrare, la carrière où sont extraits les plus beaux blocs de marbre d'Italie, tant prisés par les rois et papes pour glorifier leur image.
    Par petites touches, on voit la vie solitaire de Michel Ange bousculée. Lui, habitué aux regards vides et à l'immobilité de ses oeuvres d'art est soudain contraint de sculpter des merveilles plus subtiles et délicates que des colosses de pierre : des liens.

    Tout d'abord avec des habitants de la carrière, un contremaître, un fou se prenant pour un cheval ou encore un enfant. Puis avec ses propres désirs, pour finir par des souvenirs trop longtemps enfouis. Car dans ce village où tout est rude, de la vie au caractère des gens, jusqu'à leur environnement cloisonné de marbre, ruissèle la parole des sages et la voix du pardon.

    Tout au long du récit, filtre, à travers cet univers de pierres, l'eau pure des émotions. Eau qui finira par creuser l'âme de l'artiste, pour en faire jaillir toute sa poésie.


  • Conseillé par
    2 septembre 2013

    Un petit garçon jette quelques brins d’herbe et de trèfles dans une boîte, tourne la clé, jette la clé au fond du puits, enterre la boîte au pied d’un arbre. Il a 6 ans, il s’appelle Michelangelo Buonarotti et il vient d’enterrer sa mémoire, pour oublier à tout jamais le souvenir de celle qui l’a abandonné, sa mère qui vient de mourir.
    En 1505, Michel Angelo 30 ans. C’est un sculpteur reconnu et admiré mais une nouvelle mort vient bouleversé son cœur, celle d’Andrea, un jeune moine d’une beauté proche du divin. Anéanti, le sculpteur fuit Rome pour Carrare où il doit choisir le marbre pour le tombeau que lui a commandé le pape Jules II. Là-bas, dans la campagne toscane, entouré des carriers et des tailleurs de pierre, Michelangelo se ressource et se transforme au contact de Michele, un enfant qui vient de perdre sa mère.

    Un texte très poétique qui raconte un épisode de la vie de Michel-Ange qui, pour l’anecdote, se situe juste avant le voyage à Constantinople évoqué par Mathias Enard dans Parle-leur de batailles, de rois et d’éléphants. Mais au-delà de la vérité historique, Léonor de RECONDO creuse plutôt du côté du génie de l’artiste, comment l’apprivoiser, comment le concilier avec le quotidien bassement matériel. Michel-Ange apparaît comme un homme tourmenté, irascible, égoïste, un écorché vif qui ne trouve la sérénité que dans son travail.
    Belle réflexion sur le deuil, le désir, l’amour, l’art et l’inévitable solitude de l‘artiste, "Pietra viva" est un petit bijou d’élégance et d’émotion, écrit comme on sculpte, par petites touches délicates et précises.


  • Conseillé par (Libraire)
    29 août 2013

    Beau comme du marbre !

    Ce très beau texte, infiniment élégant et juste montre un Michel Ange tourmenté, orgueilleux, vaniteux, assuré de son génie et terriblement vivant. Entre spiritualité et poésie, "Pietra Viva" rend un très bel hommage au monde de l'artisanat et aux tailleurs de pierre en particulier, tout en s'interrogeant sur la création artistique. Beau comme du marbre !