Le Mur de mémoire, nouvelles

Anthony Doerr

Albin Michel

  • Conseillé par
    15 février 2013

    Dans ces six nouvelles, ou pourrait-on dire des novellas , Anthony Doerr nous amène à travers le monde et dans le temps. Matière première de la mémoire, fil conducteur de ces récits. Dans la première nouvelle, le personnage principal dans un monde futur peut revivre ses souvenirs encapsulés. Une manière de tromper la mémoire défaillante et oublieuse. Les capsules étant revendues au marché noir, elles permettent de s’introduire dans l’intime d’inconnus, de vivre soi-même des moments qui ne sont plus. La mémoire forgée à partir de souvenirs heureux ou malheureux dès l’enfance caractérise l’individu. Mais elle est aussi liée à des lieux où l’on a vécu toute sa vie comme dans Village 113. Les habitants ont été avertis que le village sera bientôt recouvert d’eau. Les machines ne vont pas tarder mais Li Quing ne veut pas partir. Toute sa vie est dans la vallée.

    Mention spéciale à Vie posthume, la dernière nouvelle où mémoire individuelle et collective donnent un texte particulièrement émouvant. Un étudiant rédige son mémoire et se voit contraint de s'occuper momentanément de sa grand-mère hantée par son histoire liée à la grande Histoire. Depuis toujours, elle est sujette à des crises d'épilepsie et à des absences. Mais maintenant, elle veut être en paix. Avec elle-même et les morts. Ce récit à plusieurs facettes porte sur la transmission et démontre combien il est important de saisir chaque moment de bonheur si anodin soit-il.

    L’écriture d’Anthony Doerr que j’avais déjà lu il y a longtemps est toujours impressionnante. Il insuffle à ses personnages des vies cornées de sensibilité. Des personnages humains qui comme tout à chacun reviennent quelquefois sur le passé, résurgence d’émotions ou de situations qui les ont modelés.
    Un recueil riche, dense et travaillé ! Et on prévoit son mouchoir pour la dernière nouvelle qui est une pépite !