La Fuite du cerveau

Pierre-Henry Gomont

Dargaud

  • Conseillé par
    8 novembre 2020

    C’est drôle, fin, émouvant et ça fait réfléchir.

    A la mort du professeur Albert (Einstein, même s’il n’est jamais nommé) le docteur Stolz, pathologiste, est chargé de l’autopsie. Rêvant de gloire mais pas très futé, Stolz va décider de voler le cerveau du génie. A cet instant sa vie bascule dans une folle course poursuite dans laquelle il va entrainer la belle Marianne, neurologue, et le Professeur Albert lui-même, étonnamment vif pour un macchabé sans cerveau…
    Basé sur un fait réel (le cerveau d’Einstein a bien été volé), le récit de Pierre-Henry Gomont part très vite dans le grand délire burlesque, drôle, touchant et surréaliste. Une course folle des personnages vers un but qu’eux même semble ignorer. C’est drôle, fin, émouvant et ça fait réfléchir.


  • Conseillé par (Libraire)
    6 octobre 2020

    Drôle et poétique

    On a volé le cerveau d’Einstein! Pierre-Henry Gomont nous emmène dans les pas du voleur grâce à une BD pleine d’humour, de tendresse. Et de poésie. Un vrai bol d’air.

    Le grand savant Albert décède. L’anatomopathologiste (oui je sais…. ) Thomas Stolz qui est chargé de l’autopsier, décide dans un moment d’égarement de subtiliser son cerveau pour l’étudier ou le faire étudier. Ecris ainsi, le synopsis n’a pas de quoi déchainer les foules. Mais si on ajoute que le corps du grand Albert ressuscite et accompagne Stolz dans ses pérégrinations. Si on précise ensuite que le récit et le dessin sont confiés à Pierre-Henry Gomont, je sens que votre intérêt grandit d’un cran. Et vous avez bigrement raison. Ce n’est pas en effet la fuite de cerveau vers l’étranger de sommités intellectuelles qui est en jeu mais la véritable balade du cerveau d’Albert. Devançant la poursuite du FBI, commence un étrange road movie qui va emmener Stolz, Albert, Marianne spécialiste neurologue travaillant sur « la plasticité corticale chez les souris » dans des contrées les plus étranges, dont au final la clinique d’un spécialiste un peu bizarre: le docteur Seward.

    On comprend rapidement à la lecture de ce récit jouissif que l’histoire mêle fiction et réalité. Les situations les plus invraisemblables sont mises en images avec virtuosité par des procédés déjà aperçus dans les BD antérieures: pensées secrètes dessinées dans des phylactères, sens de lecture modifié, dessins au dynamisme incontrôlé, texte en voix off délicieusement décalé, Gomont utilise tout son talent pour donner une lecture cinématographique haletante, placée sous le signe du second degré. Pourtant quelques planches ou explications scientifiques délicatement placés montrent fort à-propos qu’une solide documentation a soutenu le projet d’écriture. On fait connaissance avec les cellule gliales, les dendrites qui agissent dans les cerveaux efficacement stimulés.
    Et puis la tendresse humoristique de Gomont fait que l’on s’attache à ces personnages. Stolz d’abord, qui s’est appelé réellement Thomas Stolz Harvey, professeur raté dont sa femme dit qu’elle se demande « s’il n’est pas boucher-charcutier », amoureux transi, médiocre mais sympathique dans son indécision, sa faiblesse chronique et à qui Albert se promet d’ouvrir les yeux.
    Ce bon Albert justement qui a envie de savoir ce que contient effectivement son cerveau et dont on aime la silhouette de vieux Davy Crockett avec sa casquette à oreilles, ou de pompiste à la casquette de base-ball. Un homme génial mais en fait ordinaire, à l’opposé des icônes fabriquées par nos sociétés qui souhaitait dans la réalité que ses cendres soient dispersées pour éviter tout phénomène d’idolâtrie. Il est tendre en bon vieux Papy débordé qu’il a été toute sa vie par son intelligence et ses fulgurances qui se sont imposées à lui, sans aucun effort. On aime cette relation entre le vieil homme décédé (car il est bien décédé) et le professeur raté, cette tendresse toujours présente dans les BD de Gomont. Thomas Stolz Harvey a ainsi gardé le cerveau d’Albert pendant près de 40 ans sans organiser de sérieuses recherches. Pierre-Henry Gomont suggère que le docteur voyait surtout dans ce cerveau une relique magique plus qu’un objet d’étude. Une tendresse donc presque filiale qui fait toute la beauté de cette BD qui vous fera souvent sourire, voire plus.

    Eric