Le nord magnétique, Printemps-été 2018
EAN13
9782897593537
Éditeur
Atelier 10
Date de publication
Collection
Nouveau Projet
Langue
français
Langue d'origine
français
Fiches UNIMARC
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Le nord magnétique

Printemps-été 2018

Atelier 10

Nouveau Projet

Livre numérique

  • Le nord magnétique

    Aide EAN13 : 9782897593537
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    2.49
C’était au printemps 2005. Le pape Jean-Paul ii agonisait tranquillement, les
libéraux de Jean Charest s’apprêtaient à essuyer la grogne des étudiants pour
103 millions $ de bourses miraculeusement transformés en prêts, et Tout le
monde en parle offrait encore une vague impression de nouveauté après quelques
mois sur les ondes. La bulle de l’internet avait éclaté depuis un moment,
tandis que le monde de la musique vivait des mutations majeures, bouleversé
par les mouvements de fusions (Sony Music Entertainment et bmg, notamment) et
les effets du partage de fichiers en ligne (l’épisode Napster et sa célèbre
enfilade de poursuites intentées par Metallica). Pourtant, c’est Montréal qui
faisait la une des journaux branchouilles. Une ville que les grands médias,
tout comme ceux en plein essor tels Vice ou Pitchfork, présentaient comme la
«Seattle du Nord» —meilleure analogie que l’on avait pu trouver pour parler de
la prochaine crypte aux miracles de l’industrie de la musique. En moins de
quatre semaines, les magazines Spin et Rolling Stone et le quotidien New York
Times avaient tour à tour «découvert» le nouveau nord magnétique de la
coolitude. La ville regorgeait de groupes baptisés Wolf-quelque chose (Wolf
Parade, aids Wolf, We Are Wolves), d’anciens musiciens ska sapés à la mode
postpunk, de logements abordables et de suffisamment d’infrastructures
culturelles pour soutenir et alimenter un écosystème regroupé sous le vocable
réducteur d’«indierock». Elle comptait par ailleurs quatre hebdomadaires
culturels gratuits (Voir, Mirror, Ici et Hour), deux radios universitaires
avec un certain rayonnement (cism et ckut), une chaine sur les ondes du
diffuseur national (Bande à part), une émission sur artv (Mange ta ville),
quelques blogues populaires, des bars, des lofts, des studios, des disquaires,
des promoteurs, des étiquettes de disques et des locaux de pratique.
Consécration, cette scène avait enfanté un orchestre pop baroque nommé Arcade
Fire—cheval de Troie montréalais, dont les hennissements en «wa-oh-wa-oh»
allaient bientôt contaminer la musique pop d’une tendance depuis baptisée
Millennial Whoop. Dans la foulée de la résurgence des guitares «angulaires»
(expression utilisée ad nauseam pour décrire le son qui avait succédé au
capharnaüm du rap métal) et des pantalons skinny, Montréal avait peut-être
créé quelque chose d’emblématique. Mais comment étions-nous parvenus à cette
reconnaissance internationale qui nous valait d’être présents dans des
festivals comme Les Eurockéennes de Belfort et South by Southwest? Comment
avions-nous pu être invités à la table des adultes? Ou, pour tenir à peu près
le langage de l’industrie: comment avions-nous «émergé»?
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